Les temps obscurs

Suite à une longue période de troubles, l’empire romain se désagrège jusqu’à sa chute en 476. la Provence se trouve alors sous la domination des Germains. La région est occupée au nord de la Durance par les Burgondes et au sud par les Wisigoths puis par les Ostrogoths.

En 536, les Francs se rendent maîtres de la région, avant que les Arabes ne la leur disputent.

Partage de l’Empire Carolingien en 843
Partage de l’Empire Carolingien en 843

En 843, lors du Traité de Verdun, la Provence est attribuée à Lothaire, petit-fils de Charlemagne. Celui-ci créera pour son fils Charles le royaume de Provence qui comprend aussi le Lyonnais, le Viennois et les Alpes. A la mort du roi, le royaume est partagé entre ses deux frères. A leur mort, Charles le Chauve, leur oncle, s’empare de leurs terres et les confie à son beau-frère Boson.

En 879, Boson, duc de Viennois et de Provence et détenteur effectif du pouvoir sur la région est proclamé roi de Provence.

En 947, le royaume de Provence est incorporé au royaume de Bourgogne qui s’étend du Rhin à la Méditerranée.

Royaume de Bourgogne au XIe et début du XIIe siècle
Royaume de Bourgogne au XIe et début du XIIe siècle

Les comtes d’Arles, Guillaume et son frère Roubaud, libèrent définitivement la Provence des Sarrasins. Guillaume devient « marquis de Provence » et la Provence devient alors une principauté indépendante.

En 1032, la Bourgogne perd la Provence, incorporée au Saint Empire Romain Germanique. C’est au même moment que l’archevêque de Vienne partage son immense comté : au nord la Savoie et au sud le futur Dauphiné. C’est aussi le démantèlement de l’unité durancienne et la création progressive de deux états : le Dauphiné et la Provence, de part et d’autre du verrou rocheux de Sisteron.

Durant le XIème siècle, le comte d’Albon, Guigues Ier, reçoit le nord du comté de Vienne, concédé par l’archevêque de Vienne, et annexe le Briançonnais et le Grésivaudan. Ses descendants prendront le nom de « dauphin » (du nom de Guigues IV Dauphin).

Les comtes Catalans

A la fin du XIème siècle, les différentes branches de la famille comtale (issues de Guillaume et de Roubaud, comtes d’Arles) ne sont plus représentées que par des femmes, qui s’allient à de grandes maisons comtales des pays d’Oc ou des Pyrénées (notamment Toulouse, Urgel, Barcelone, Gévaudan).

Le mariage d’Alaïs avec Ermengaud d’Urgel, en 1092, inaugure la dynastie des comtes de Forcalquier (possession du comté de Forcalquier, du Lubéron, jusqu’au Champsaur). Le mariage de Douce de Gévaudan avec le comte Raymond-Bérenger de Barcelone (qui devient comte de Provence), entraîne en 1125 un partage de la Provence le long du val de Durance, la rive nord, dévolue au comte de Toulouse, gardant le nom de marquisat et la rive sud (qui deviendra le comté de Provence) allant au Catalan.

La rivalité entre les trois familles comtales (comtes de Forcalquier, de Toulouse et de Barcelone) se prolongera pendant plus d’un siècle, se transformant en véritable guerre.

Vers 1226
Vers 1226

La dynastie catalane impose peu à peu sa domination et le mariage d’Alphonse II avec Gersende de Sabran (petite-fille de Guillaume IV, comte de Forcalquier), en 1191 devait aboutir à l’unification des deux cotés. Il faudra attendre 1209, pour que Raymond-Bérenger V, né de ce mariage, hérite des deux comtés et les unissent.

Le dauphin du Viennois, qui avait épousé l’autre petite-fille de Guillaume IV, obtient l’essentiel du Gapençais et de l’Embrunnais qui formaient la partie septentrionale du Viennois.

Raymond-Bérenger V, dernier représentant de la maison de Barcelone affermit son pouvoir sur la Provence et fonde en 1232 dans la vallée de l’Ubaye, la ville de Barcelonnette, qui va perpétuer le nom de la dynastie. Afin d’affaiblir les sires, il encourage l’émancipation des bourgs et des villages, créant les baillies (grandes circonscriptions administratives). Il fera de son comté un « véritable état régional »..

Le monachisme se développe. En même temps, l’Eglise doit faire face à l’hérésie des Vaudois, qui prônent la pauvreté pour obtenir le salut et se réfugient dans les vallées reculées du Pelvoux et du Briançonnais après leur excommunication par le pape.

La Provence Angevine

Raymond-Bérenger V meurt, sans héritier, ne laissant que des filles. Les trois premières épousent les rois de France (Saint-Louis), d’Angleterre, des Romains. La benjamine, Béatrix, sera mariée à Charles Ier d’Anjou, frère de Saint-Louis. Celui-ci devient comte de Provence, puis en 1262, roi de Naples. Charles Ier assure son autorité sur la Provence et organise la géographie administrative. Il participe aux croisades organisées par son frère Saint-Louis et à la conquête d’Italie du sud qui deviendra un temps terre d’émigration pour les provençaux.

Sous ses successeurs, Charles II et Robert « le Sage », l’autonomie administrative de la Provence s’affirme. Le pays connaît alors une forte croissance démographique. Entre 1250 et 1315, la population double à Moustiers, Valensole, Seyne, Sisteron qui est alors l’une des plus grandes villes de la Provence. On assiste aussi à l’émigration des « gavots » vers le bas-pays.

Crise dynastique et seconde maison d’Anjou

La Maison d’Anjou – XIIIe siècle
La Maison d’Anjou – XIIIe siècle

En 1343, la mort du roi Robert, ouvre une longue crise dynastique. La reine Jeanne Ière d’Anjou, sa petite-fille, et reine de Naples, se heurte aux autres branches angevines. A ces guerres fratricides, s’ajoutent disettes, pillages et pestes. La Provence est ravagée et un tiers à la moitié de ses habitants disparaissent. Son cousin, Charles d’Anjou, la fait assassiner et la couronne est transmise à Louis d’Anjou, frère du roi de France Charles V.

C’est alors le début de la seconde maison d’Anjou. Par réaction en refus de cette nouvelle dynastie, la baillie de Barcelonnette et Allos se donnent comme Nice à la Savoie.

Entre-temps, le Dauphin Humbert II, sans descendance, presque ruiné, vend au roi de France le Dauphiné qui sera gouverné par le dauphin (futur roi Louis XI).

La Haute-Provence subit encore les brigandages de Raymond de Turenne, contre qui, les états de Provence (assemblées de nobles, haut-clergé, représentants de vigueries et des principales communautés) mènent une politique défensive.

La Seconde Maison d’Anjou – XIVe siècle
La Seconde Maison d’Anjou – XIVe siècle
L’organisation religieuse jusqu’en 1790
L’organisation religieuse jusqu’en 1790

A l’aube du XVème siècle, la crise démographique est profonde, et la récession économique et les dévastations du XIVème siècle ont transformé le sud-est. Les petits villages ont été désertés et les terrains abandonnés.

En 1471, le roi René s’installe en Provence. La paix s’installe, ainsi que la reprise économique.

Le roi René lègue la Provence à son neveu Charles III du Maine qui la lèguera à son tour par testament au roi de France Louis XI sous la condition de maintenir des conventions, libertés, franchises, coutumes…

Le comté de Provence est alors uni au royaume de France. Progressivement, cette union se transforme en annexion avec l’élimination des institutions comtales.

Le Moyen Age qui a connu guerres, famines et pestes successives est marqué par des mutations profondes du paysage. La société féodale réorganise les campagnes. C’est la période de « l’incastellamento ». L’habitat se regroupe autour des forteresses seigneuriales qui s’implantent sur les hauteurs. Ces villages groupés, autour desquels s’organisent les terroirs ponctuent alors les paysages des plaines, des bassins et des collines. Ceux qui ont résisté à ces crises annoncent le « village urbanisé » et le bourg provençal des Temps Modernes. Dans les préalpes de Digne et de Castellane, s’esquisse le semis lâche de petits villages ruinés par les pestes, ressuscités au XVIème siècle, pour retourner à la ruine au cours du XXème siècle. Dans les vallées du Haut Verdon et de la Blanche, apparaissent des communautés alpestres, réparties en hameaux sur leur vaste terroir.

La citadelle de Mane
La citadelle de Mane
Le prieuré de Salagon
Le prieuré de Salagon

C’est aussi la période des implantations monastiques. Des prieurés ruraux puis des monastères se multiplient. Les moines mettent en valeur leurs domaines, défrichent les terres, développent l’élevage, la culture de la vigne, favorisent l’implantation des moulins à vent.