23 - LE PAYS DE SEYNE

PRESENTATION

LES PREMIERES IMPRESSIONS

Le Pays de Seyne forme un large bassin ouvert et vallonné, cerné par l’impressionnante Montagne de la Blanche, à l’est, et les crêtes irrégulières des Monges à l’ouest. Cette entité, largement agricole, se caractérise par un habitat dispersé et une forte pression touristique autour de Seyne et des stations de ski situées sur les flancs boisés des montagnes.

LES MATIERES ET LES COULEURS

CONTEXTE GEOGRAPHIQUE

LE RELIEF ET LA GEOMORPHOLOGIE

La vallée, orientée nord-ouest/sud-est présente différents visages.

Dans sa partie aval, la vallée se fait gorges et traverse un massif accidenté aux versants instables (Montagne de la Scie et de Seymuit à l’ouest, crête de Clabouréou, de Vendréou et Villaudemard à l’est).

Au niveau de Selonnet, ce couloir s’élargit amplement en un vaste bassin à fond plat et aux versants adoucis (coteau de Pompiéry et de Saint-Jean de Montclar sur la rive droite). Cette cuvette, couronnée par la crête de la Montagne de la Blanche à l’est (Pic de Bernardez : 2430 m.) et les reliefs du massif des Monges à l’ouest (pic du Marzenc : 1930 m.), présente une alternance de creux et de bosses avec des pentes plus fortes où affleurent des marnes noires.

En amont, la vallée se referme sur les crêtes de Chabrières et de la Montagne du Grand Puy entre lesquelles le Col de Maure forme une porte sur la vallée du Bès.

LA GEOLOGIE

Le Pays de Seyne porte l’empreinte douce et caractéristique du travail de l’érosion glaciaire. Au Quaternaire, les glaces de l’Ubaye s’étendaient jusqu’au col de Maure. Elles ont dégagé une vaste cuvette autour de Seyne cernée de versants plus accidentés. Des dépôts morainiques propices à l’agriculture ont tapissé toute la vallée.

A l’ouest des marnes noires constituent le flanc du massif des Monges. Ces terres peu fertiles forment parfois des îlots de robines au sein de la cuvette (environs de Seyne).

La vallée traverse aussi des massifs de calcaires plus durs. Les calcaires à patine rousse forment des montagnes à « copeaux de crayons » (Crête de Clabouréou) et les calcaires micacés constituent les parois noir-brillant des gorges.

La Montagne de la Blanche est constituée d’un calcaire fin gris-clair (Crétacé), qui lui a valu son nom. C’est une barre siliceuse compacte au pied de laquelle de gros éboulis plus ou moins stables se constituent.

L'HYDROGRAPHIE

Les montagnes de la Blanche et des Monges drainent toutes les eaux qui irriguent la fertile vallée de la Blanche. Des cascades et des torrents intermittents dégringolent des hauts reliefs (cascade de la Piche, sous le pic de l’Aiguillette) et de nombreuses sources surgissent sur les versants, entre 1300 et 1600 mètres d’altitude. Elles sont captées directement ou servent à alimenter un réseau de canaux pour l’irrigation agricole des flancs de montagne ou du fond de vallée (canal des Jardins, conduite de la Lancière…).

Le torrent de la Blanche, en traversant le bassin de Seyne, ne grossit pas beaucoup. Entouré d’une ripisylve épaisse, il se fond dans la structure bocagère. Après le bassin, il se grossit de l’apport de torrents adjacents (Valette, Bourdous, Teissonnière, Garcinets, Matubac…), prend de la vitesse et s’encaisse rapidement. Les gorges forment des parois de près de 50 mètres de hauteur qui s’abaissent brutalement avant la confluence avec la Durance.

CONTEXTE HUMAIN

L’AGRICULTURE ET LA FORET

Façonnée par les glaciers, la vallée possède, dans sa partie la plus large, des sols fertiles et des reliefs adoucis, propices à l’agriculture et à la sylviculture.

A l’ouest, l’ubac offre des flancs assez abrupts et la forêt descend jusqu’à 1200 mètres. Il s’agit d’une forêt humide composée de hêtres, sapins, épicéas avec un sous-bois riche (forêts de Chabanon et des gorges du Sasse). C’est aussi le domaine des stations de ski (à 1500 mètres environ), dont les pistes dessinent des entailles profondes dans les plantations homogènes de mélèzes.

Sur les flancs de la montagne de la Blanche, la forêt débute vers 1500 mètres d’altitude (bouleaux, alisiers, trembles et pins, épicéas puis mélèzes à partir de 1700 mètres).

Après Selonnet, la vallée prend une allure beaucoup plus sauvage. Les affleurements rocheux sont colonisés par une lande sèche à genévriers et à buis, dominée par le chêne pubescent.

L’agriculture, essentiellement tournée vers l’élevage, est relativement dynamique.

De larges terroirs se déploient en balcon sur les épaulements glaciaires (coteaux de Villaudemard, Saint-Pons, Pompiéry, Saint-Jean). Les grands champs vallonnés sont enclos de haies de frênes souvent taillés en têtard (utilisés comme fourrage), et irrigués par un chevelu de ruisseaux dégringolant de la montagne.

Le fond de vallée offre de larges terrains plats et fertiles où se succèdent fourrages, prairies de fauche, céréales. Les haies qui bordent les canaux et les chemins créent un paysage bocager, intime, que l’on découvre progressivement. De grosses fermes entourées de vergers (pommiers, noyers) parsèment le territoire. Après Selonnet, la vallée de la Blanche traverse un massif très accidenté et les terroirs cultivés se réduisent aux cuvettes en pied de versants (Saint-Martin-lès-Seyne).

LES FORMES URBAINES

Dans le Pays de Seyne, l’habitat, fortement dispersé, est présent sur tout le territoire.

Sur les versants et en fond de vallée, des granges, des fermes isolées et parfois de gros hameaux (Saint-Pons, Villaudemard, Selonnet) se répartissent au sein des terres cultivables. Les maisons sont caractéristiques de l’habitat montagnard (volumes vastes, grandes toitures tronquées, balcons couverts, couvertures en tuiles écaille…). Des jardins en terrasses et des fruitiers (sorbiers, poiriers), donnent une silhouette floue aux hameaux qui s’étagent sur les pentes.

Perchée sur un éperon rocheux couronné d’un fort, la ville de Seyne présente un centre-bourg remarquable avec ses nombreux vestiges militaires et un habitat de type médiéval.

Le bassin de Seyne subit une forte pression urbaine. L’extension de la ville gagne aujourd’hui les coteaux voisins (les Hauts de Seyne, l’Arénas, la Robine) et le fond de vallée (équipements du Chandon, des Auches…) ce qui dévalorise sa silhouette agglomérée.

La construction d’habitat diffus atteint l’ensemble de la vallée. Le tourisme d’hiver entraîne l’apparition de chalets, dispersés à proximité des stations de sports d’hiver (Grand Puy, Chabanon, Saint-Jean de Montclar) et des routes principales.

Cependant, l’impact des installations touristiques est plus ou moins important dans le paysage en fonction de la couverture boisée.

SITES REMARQUABLES

Depuis les années 1970, le pays s’est tourné vers le tourisme d’altitude à petite échelle (trois stations de moyenne altitude dans la vallée). Il fonctionne été comme hiver. Mais la vallée présente d’autres attraits remarquables.

Les gorges de la Blanche

Avant de rejoindre la Durance, le torrent de la Blanche s’encaisse dans des calcaires sombres pour former une gorge profonde d’un cinquantaine de mètres et accidentée. Pendant 5 km., la départementale 900, jalonnée de ponts et de passages sous arches, offre des points de vue remarquables sur la rivière de la Blanche tourmentée. C’est un passage émouvant et sauvage qui constitue un spectacle à part entière.

La cité de Seyne

La ville de Seyne, agglomérée sur un éperon rocheux, domine le bassin. Elle a conservé des traces de l’histoire aussi riches que variées.

La cité ancienne, bâtie à flanc de pente, présente un habitat groupé de type médiéval. Les maisons hautes et étroites alignent leur façade colorée le long de ruelles resserrées et pentues. De nombreux détails rappellent l’histoire ainsi que l’activité muletière et commerciale traditionnelle de la cité (fontaines, lavoirs, forges, étables, poulies…). Le fort Vauban (XVIIème siècle) et les ouvrages militaires répartis dans la cité (rempart médiéval, bastions, tours) représentent une richesse historique et patrimoniale.

Une promenade piétonne le long des remparts domine un ensemble de terrasses qui ceinturent le bas de l’ancien bourg. Celles-ci accueillent une multitude de jardins individuels qui permettent leur maintien. Ces jardins-terrasses forment une frange « verte » non urbanisée qui donne un socle à la ville et permet de conserver une certaine silhouette.

Cependant, on pourra regretter le manque d’entretien et de mise en valeur du patrimoine bâti (façades délabrées, espaces publics, ruelles…), mais surtout la prolifération de constructions récentes. Celles-ci gagnent les hauteurs et les environs du bourg et contribuent, par leur implantation et leur style, à déstructurer sa silhouette et à dévaloriser le paysage agricole.

ORGANISATION DU TERRITOIRE