Communes concernées
- Aubignosc
- Chateauneuf-Miravail
- Chateauneuf-Val–Saint-Donat
- Cruis
- La Rochegiron
- L'Hospitalet
- Lardiers
- Les Omergues
- Mallefougasse-Augès
- Noyers-sur-Jabron
- Ongles
- Peipin
- Redortiers
- Saint-Etienne-les-Orgues
- Saint-Vincent-sur-Jabron
- Valbelle
Données générales
- Superficie : environ 20183 hectares
- Altitude maximale : 1826 mètres
- Altitude minimale : 800 mètres
- Population : environ 10 habitants
PRESENTATION
LES PREMIERES IMPRESSIONS
La Montagne de Lure, massive, sereine, barre de son impressionnante silhouette le nord-ouest du département. Elle sépare ainsi la Provence du Dauphiné. Les falaises tournées vers le nord contrastent avec les ondulations douces du versant sud. Bien plus qu’une frontière, Lure est un monde en soi. Parée d’un dense manteau forestier, elle abrite un véritable arboretum qui traduit un étagement et une opposition marquée entre l’adret et l’ubac. Le couvert s’interrompt sur les alpages sommitaux, battus par les vents où se détache la silhouette des antennes du Signa
LES MATIERES ET LES COULEURS
- Camaïeux de vert des forêts
- Couleurs flamboyantes en automne
- Vert tendre des prairies sommitales
- Gris clair et blanc de la roche
CONTEXTE GEOGRAPHIQUE
LE RELIEF ET LA GEOMORPHOLOGIE
La Montagne de Lure, prolongement oriental du massif du Ventoux, constitue une chaîne longue de trente kilomètres, de la Durance à la Montagne d’Albion. Avec ses 1826 mètres d’altitude, elle présente une nette opposition entre ses versants nord et sud.
Au sud, les pentes douces étirent de longs «ponchons» vers le bassin de Forcalquier et le Plateau d’Albion. Ce vaste versant monoclinal légèrement ondulé plonge brutalement à l’est vers la Durance, tandis qu’à l’ouest, la crête se disloque en collines moutonneuses jusqu’à la Montagne d’Albion.
L’ubac de la Montagne de Lure est plus accidenté. Coiffé de falaises, il descend abruptement vers la Vallée du Jabron. Ce versant forme un pli donnant naissance à des petites montagnes intermédiaires (Montagne de Saint-Michel, Sumiou et Pélegrine) qui soutiennent de petits terroirs en balcons (Jansiac, Jas de Madame).
Depuis le sommet, le panorama, exceptionnel, s’étend par temps clair, sur le Mont Viso, le Pelvoux, les Cévennes et parfois jusqu’à la Mer Méditerranée.
LA GEOLOGIE
La chaîne résulte d’un grand mouvement tectonique contemporain du plissement pyrénéen (vers –65 millions d’années). Lure est un pli couché, rabattu sur lui-même vers le nord, pincé au niveau de la Vallée du Jabron.
Tout son flanc est une masse très épaisse de calcaires plus ou moins durs datant du Crétacé Inférieur. Les crêtes laissent une large place à des pierriers très blancs, dits « en assiettes cassées ».
Le versant nord marque le passage à la fosse vocontienne, avec ses faciès marneux. Les roches plus tendres et par ailleurs plus arrosées, expliquent la dépression longitudinale entre la crête principale et les ressauts parallèles en balcons au-dessus du Jabron.
L’HYDROGRAPHIE
La dissemblance entre les versants se lit dans la distribution des sources. Fréquentes sur l’ubac, elles alimentent des torrents dont certains peuvent être virulents (corrections torrentielles du ravin des Mastres).
L’eau se raréfie sur l’adret. Les infiltrations des périodes humides du Quaternaire ont creusé un vaste réseau hydrographique souterrain, dont témoignent de nombreux avens.
CONTEXTE HUMAIN
L’AGRICULTURE ET LA FORET
Autrefois paradis des herboristes, la Montagne de Lure offre trois visages nettement différenciés : la forêt de l’adret, celle de l’ubac et les pelouses sommitales.
La forêt, exploitée jusqu’en 1945 pour le charbonnage, occupe plus des trois quart du territoire. La forêt de Lure est particulièrement riche, et en quelques kilomètres, les paysages végétaux changent de manière flagrante, traduisant l’étagement, la luminosité ou le système d’exploitation. Sur les deux versants, la forêt traduit une certaine jeunesse, les sujets de taille importante sont rares.
Sur l’adret, à mesure que l’on s’élève, la garrigue et la lavande font place à un taillis de chênes blancs, auquel succède le pin sylvestre, puis le hêtre. Des plantations récentes de cèdres s’intercalent dans ces formations et surprennent dans ce milieu.
Le versant nord est plus diversifié. Le pin noir d’Autriche côtoie le mélèze, l’épicéa, le sapin et sur les hauteurs, le hêtre. L’érable et le bouleau se développent également à la faveur d’une éclaircie, ainsi que le frêne et le saule dans les creux des talwegs.
Sous le couvert forestier, des arbustes (cytises, églantiers, alisiers, genets et genévrier) élargissent la diversité floristique de la Montagne de Lure.
De ce riche univers forestier émergent les alpages sommitaux, steppiques, rudes, déserts, balayés par le vent. C’est le domaine de la végétation rasante de rocaille, des pelouses alpines et des pierriers. Si la crête de Lure demeure très ouverte, certains pâturages semblent sous-exploités, impliquant une fermeture progressive des milieux.
Si l’agriculture paraît inexistante, quelques exploitations d’ovins sont néanmoins présentes dans la cuvette du replis de l’ubac. Ces petites clairières isolées apportent un peu d’humanité dans ce monde presque exclusivement forestier (Jansiac, Ponchette).
LES FORMES URBAINES
Sur la Montagne de Lure, les formes bâties sont très rares. Hormis quelques constructions récentes liées à la station de ski ou à l’exploitation forestière, le bâti de la montagne de Lure est d’un autre âge.
Ainsi l’ermitage de Notre-Dame de Lure date du XIIème siècle. L’église, avec ses toitures de lauzes est d’une architecture remarquable. Son écrin de hêtres et ses tilleuls centenaires en font un lieu très apaisant.
Liées à l’élevage, de vieilles constructions en pierres sèches, jalonnent le versant sud de la montagne qui était autrefois bien plus pâturé. Ce patrimoine de bergeries, de cabanons et de puits, qui nourrit l’imaginaire a connu des destins divers. Beaucoup sont tombés en ruine, certains sont toujours utilisés et d’autres sont remarquablement restaurés à l’identique (bergerie des Terres du Roux).
A proximité de l’unique route qui monte au sommet, quelques jas, ont été détournés de leur utilisation première et sont devenus des résidences coquettes. Nombreux sont ceux qui ne sont accessibles que par de longs chemins caillouteux et qui conservent leurs secrets sous l’épais couvert forestier (jas de Chavalet, de Narlique de Provens…).
SITES REMARQUABLES
Les crêtes et pelouses sommitales et réseaux de constructions en pierres sèches.
Depuis la ferme de la Tinette, une randonnée en boucle permet de découvrir les jas de pierres sèches du Contadour (Jas des terres du roux, Jas des Agneaux, Jas des Fraches…). Isolées dans les prairies sèches battues par les vents et pâturée en été, ces constructions s’ordonnent autour d’une bergerie (le jas) et comprend souvent un abri pour le berger, une citerne recueillant l’eau du toit et un enclos. L’architecture de ces jas témoigne d’un véritable savoir-faire.
Ces crêtes sont comme un bout du monde que Giono se plaisait à décrire
Jean GIONO
ORGANISATION DU TERRITOIRE
SUR L’UBAC
- Occupation bâtie extrêmement rare
- Important réseau de constructions en pierres sèches sur l’adret
- Quelques fermes isolées sur l’ubac
- Quelques maisons isolées à proximité de la route sur l’adret
- Station de ski sur le sommet
- Important manteau forestier
- Grande diversité d’essences forestières
- Différence entre adret et ubac et selon l’altitude
- Nombreuses plantations mono-essence de conifères
- Agriculture peu présente et vouée à l’élevage
- Quelques clairières de prairies dans le repli de l’ubac
- Grandes pelouse sommitales
- Secteurs sous-pâturés ou sur-pâturés sur les crêtes
SUR L’ADRET
ENJEUX PRIORITAIRES
- Favoriser une gestion forestière plus respectueuse des paysages
- Préserver les secteurs pâturés et les pelouses, et reconquérir la ressource pastorale
- Entretenir et valoriser le patrimoine de pierre sèche et ND de Lure
- Anticiper le changement climatique et poursuivre la reconversion de la station de ski de Lure
ENJEUX ET ACTIONS
ELEMENTS PAYSAGERS ET PATRIMONIAUX
- PRÉSERVER LA QUALITÉ DES PERSPECTIVES VISUELLES
Conserver l’ouverture visuelle
Aménagement des lieux d’arrêt, tout en portant attention à l’impact qu’ils peuvent générer - VALORISER LE PATRIMOINE BATI
Répertorier le bâti en pierre sèche de qualité notable
Favoriser et faciliter les actions de restauration
Promouvoir les savoir-faire architecturaux
Faciliter la protection de ces ensembles bâtis - PRÉSERVER LA QUALITÉ ET LA PERCEPTION DES PAYSAGES REMARQUABLES
Mettre en valeur les sites remarquables
Faciliter la protection et la gestion de ces sites
Gérer les flux touristiques
Etudier l’impact des aménagements existants ou à venir
PAYSAGES CONSTRUITS
- RÉDUIRE L’IMPACT DES RÉSEAUX AÉRIENS (DEBROUSSAILLEMENT SOUS LES LIGNES ET ENFOUISSEMENT DES RESEAUX)
- AMELIORER LE PAYSAGE DES STATIONS DE SKI, LE PARC IMMOBILIER, LES ESPACES PUBLICS, TOUT EN PRESERVANT LA RESSOURCE EN EAU
Penser le devenir de la station de ski de Lure dans la perspective du changement climatique et poursuivre l'intégration des installations - MAITRISER L’EVOLUTION ET LA REHABILITATION DES CARRIERES ET GRAVIERES CONTRÔLER L’IMPLANTATION ET L'INSERTION DES DECHETERIES ET DES CENTRES D'ENFOUISSEMENT
Contraindre l'extension des carrières sur les communes de Malfougasse-Augès et Montfort, perçues de façon lointaine sur le manteau boisé des pentes de la montagne de Lure. Favoriser leur réhabilitation au fur et à mesure de l'exploitation
PAYSAGES RURAUX ET NATURELS
- MAITRISER LA FERMETURE DES PAYSAGES, GERER L'AVANCEE DES FORÊTS ET LA QUALITE DES SECTEURS AGRICOLES OU NATURELS FRAGILES
Maîtriser la fermeture des clairières pastorales et préserver les pelouses de crête
Promouvoir le pastoralisme
Contrôler l’essaimage naturel des conifères
Maîtriser le développement des friches
Equilibrer les secteurs sous pâturés et sur pâturés et sensibiliser les éleveurs à ces problématiques - Favoriser une exploitation forestière plus respectueuse des paysages et sensibiliser les propriétaires forestiers
Promouvoir la diversité des espèces forestières et stopper la plantation mono-essence de conifères
Préférer les coupes sélectives aux coupes à blanc, travailler les franges des coupes et les travaux connexes (pistes, rémanents ...) - PRÉSERVER ET VALORISER LES ARBRES ISOLES REMARQUABLES
Préserver les structures végétales qui mettent en valeur le site de Notre-Dame de Lure