Communes concernées
- Banon
- Les Omergues
- Montsalier
- Redortiers
- Revest-du-Bion
- Simiane-la-Rotonde
Données générales
- Superficie : environ 12 872 hectares
- Altitude maximale : 1200 mètres
- Altitude minimale : 850 mètres
- Population : environ 550 habitants en 1999 et 643 habitants en 2014
PRESENTATION
LES PREMIERES IMPRESSIONS
Sur ce plateau perché, isolé, de vastes étendues de lavande et de blé qui ondulent lentement au gré du relief, alternent avec des boisements..
Plus haut, c’est le monde des pelouses et des steppes balayées par les vents.
LES MATIERES ET LES COULEURS
- Gris puis mauve des lavandes
- Vert tendre puis or des céréales
- Vert cendré des garrigues, roux puis vert profond des forêts
- Blancheur de la pierre calcaire qui contraste avec le rouge de la terre
CONTEXTE GEOGRAPHIQUE
LE RELIEF ET LA GEOMORPHOLOGIE
Ce pays se situe au sud de la montagne d’Albion et de l’extrémité ouest de Lure. Limité par la dépression de Banon à l’est, il s’étend à l’ouest au-delà des limites du département des Alpes de Haute-Provence sur le département de Vaucluse jusqu’à la dépression de Sault.
Monts et plateaux calcaires forment un ensemble de hautes terres dont les vastes horizons tabulaires ou faiblement monoclinaux s’élèvent progressivement vers le nord jusqu’à Lure.
Modelés par l’action des eaux, les sols sont entrecoupés de ravins, d’avens, de lapiés, de dolines… autant de traits morphologiques caractéristiques d’un relief karstique.
Ce plateau est constamment dominé par le Mont Ventoux et son grand épaulement nord-sud ainsi que les Monts de Vaucluse au sud qui forment une véritable barrière.
LA GEOLOGIE
Le pays s’étend sur une grande dalle calcaire qui se relève pour former le flanc sud de la montagne d’Albion et de Lure.
Partout où domine le substratum calcaire, le paysage géomorphologique porte l’empreinte d’une évolution karstique : vallée sèche ou aveugle, dolines et poljés, avens… Le substrat calcaire est généralement recouvert de sols et de dépôts d’altération argileux à éléments siliceux résiduels qui favorisent, malgré la sécheresse d’origine lithologique du milieu, la présence de bois étendus et de larges secteurs très anciennement cultivés ou livrés aux parcours des ovins.
Le paysage de ce haut plateau présente une alternance de sols rouges et de sols blancs. Les premiers occupent les dolines ou les plans et sont issus de barres calcaires compactes qui ont donné naissance par dissolution à des argiles de décalcification. Les seconds, issus de bancs calcaires à silex, forment des nappes blanchâtres constituées de débris siliceux.
Si les terres rouges, qui conservent assez bien l’humidité, se prêtent à la mise en valeur agricole, à l’inverse, les terres blanches, pauvres en humus, offrent de très médiocres possibilités d’utilisation : ce sont pour la plupart des amas pâturés par les moutons.
Ces reliefs karstiques sont le paradis des spéléologues qui viennent explorer les profondeurs des gouffres et avens.
L’HYDROGRAPHIE
Le Plateau d’Albion constitue une grande aire endoréique, véritable causse karstique dépourvu de drainage superficiel. Sur ces sols, l’eau infiltre la roche calcaire poreuse jusqu’aux assises marneuses imperméables pour former des rivières souterraines qui ressurgissent à la Fontaine de Vaucluse. Sources et ruisseaux sont par conséquence très rares.
Pour pallier au manque d’eau qui s’infiltre trop rapidement, on a dû creuser des citernes dans le roc, « les aiguiers », recueillant l’eau qui ruisselle sur les grandes dalles calcaires affleurant en surface.
CONTEXTE HUMAIN
L’AGRICULTURE ET LA FORET
L’équilibre économique de cette région reposait jusqu’à la fin du XIXème siècle sur la complémentarité des ressources agro-sylvo-pastorales : champs de seigle, exploitation du bois, élevage de troupeaux. Après les années 1850, une nouvelle forme d’utilisation de l’espace est apparue : la culture du blé a remplacé celle du seigle, l’élevage ovin s’est spécialisé dans la production d’agneaux de boucherie, les cultures fourragères se sont développées. Puis est apparue la culture de la lavande qui a profondément modifié le paysage rural. Le plateau d’Albion concentre 80 % de la production française d’essence de lavande
Les marchés des huiles essentielles et de l’herboristerie dépassent désormais largement les frontières. La culture de la lavande, spéculative, est entièrement soumise aux aléas d’un marché fluctuant et à la concurrence étrangère. La lavande qui constitue une grosse partie de l’économie de cette région peut disparaître du jour au lendemain et donc modifier la nature et le caractère des paysages.
Le territoire se caractérise par une relative équivalence de milieux boisés et de milieux ouverts. Les espaces agricoles, les landes, les pâtures, constituent en grande partie les paysages ouverts de ce territoire. Le paysage s’ouvre plus largement aux environs du Revest-du-Bion où s’étendent de grandes parcelles de blé, lavande, lavandin et autres plantes à parfum. La culture de la lavande, qui se trouve dans son milieu naturel, domine largement dans le paysage.
Vers le sud, les parcelles cultivées s’intercalent avec des formations boisées composées de bosquets, de boisements lâches et morcelés et de taillis de chênes blancs ainsi que de truffières. Il subsiste, ici et là, de remarquables reliques de forêts jalonnées d’arbres plusieurs fois centenaires ou de hautes futaies ( la forêt du Débat, de Royère-Grosse).
Quelques châtaigneraies, que les anciens avaient plantées dans les dépressions pour diversifier les ressources alimentaires, sont aujourd’hui peu exploitées (crèmes de marron, habillage des banons).
Sur les hautes terres, les boisements de chênes blancs laissent place aux boisements de conifères (sapins, mélèzes, épicéas) et parfois de hêtres. Les reboisements en pins noirs d’Autriche et l’essaimage de pins sylvestres sur les zones de parcours à moutons délaissés ont profondément modifié le paysage (forêt du col du Négron au Contadour, Valaury, Villesèche). Autour du Contadour, des plantations de pins noirs d’Autriche tronçonnent les horizons.
LES FORMES URBAINES
Cette partie du Plateau d’Albion est faiblement peuplée (moins de 10 habitants au km2 dans les zones rurales). L’habitat et très dispersé, composé de bâtisses isolées, petits hameaux et hangars, visibles de loin au milieu de leur terroir.
Le pays ne compte qu’un seul village : Revest-du-Bion que l’on aperçoit au dernier moment. Si le cœur ancien n’est pas dénué de charme, l’ensemble est déjà banalisé par les petits lotissements pavillonnaires qui le bordent. Certains implantés dans des boisements, sont cependant peu perceptibles.
Le village perché de Redortiers abandonné au début du siècle dernier, perdu au milieu de collines boisées, inspira Jean GIONO.
On retrouve aussi quelques cabanes en pierres sèches en limite de champs ou de pâturage.
SITES REMARQUABLES
Les ruines du village de Redortiers
C’est au bout d’un chemin secret et difficile que se dévoile subitement la silhouette de ce village ruiné.
Sur le chemin du Contadour, un donjon d’époque romane domine les ruines de Redortiers, un village très peuplé au XIXème siècle dernier. Les seigneurs de Simiane-la-Rotonde l’ont sans doute édifié au XIIème siècle. Les murs épais du donjon ont été parementés avec soin. Ouvrage voûté en berceau brisé avec une très belle voûte en plein cintre. Si l’accès de ce village est interdit car dangereux, il n’en reste pas moins très attractif d’autant plus qu’il est signalé dans de nombreux guides. L’aménagement et la sécurisation partielle de ce site paraît inévitable.
ORGANISATION DU TERRITOIRE
- Occupation bâtie peu dense
- Habitat dispersé, isolé
- Un seul village : Revest-du-Bion
- Extension récente autour du village du Revest-du-Bion
- Equilibre entre milieux ouverts et boisés
- Prédominance de la lavande
- Cultures au sec (lavande, blé, prairies) dans la partie sud
- Boisements morcelés
- Nombreux vieux arbres isolés
- Lavande, parcours à moutons sur les hauteurs
- Développement des friches, des boisements de résineux et recul des pâturages
- Plantations de pins sur les versants de Lure
ENJEUX PRIORITAIRES
- Valoriser le patrimoine bâti remarquable
- Maîtriser la fermeture des paysages
- Raisonner les actions de transition énergétique et maitriser le développement des énergies renouvelables
ENJEUX ET ACTIONS
ELEMENTS PAYSAGERS ET PATRIMONIAUX
- VALORISER LE PATRIMOINE BATI
Préserver et entretenir le bâti présentant un intérêt paysager ou patrimonial
Sensibiliser les propriétaires
Encourager et faciliter des actions de consolidation ou de restauration partielle ou totale
Gérer les flux touristiques et la signalétique - Préserver la qualité et la perception des paysages remarquables
Préserver les villages ruinés présentant une qualité paysagère et patrimoniale notable
Faciliter la protection, la gestion et la mise en valeur de ces sites
Entreprendre ou encourager et faciliter des actions de consolidation ou de restauration partielle
Gérer les flux touristiques et mettre en place une signalétique et une information appropriée
Etudier l’impact des aménagements existants ou à venir
PAYSAGES CONSTRUITS
- GÉRER ET ASSURER LA PERTINENCE PAYSAGÈRE DES EXTENSIONS URBAINES LIMITER ET STRUCTURER LES EXTENSIONS URBAINES, RECONQUERIR ET VALORISER LES CENTRES ANCIENS, REHABILITER ET AMELIORER QUALITATIVEMENT LES PAYSAGES BATIS ET LES ENTREES DE VILLES
Stopper l’étalement urbain. Reconquérir et valoriser les centres anciens et densifier les enveloppes urbaines au lieu de favoriser un développement en nappe, consommateur d'espace et vecteur de banalisation
Promouvoir la prise en compte de l’aspect paysage dans l’élaboration des SCoT, PLU / PLUi
Préserver et valoriser le patrimoine bâti. Lutter contre la pollution lumineuse
L'intérêt historique, architectural, urbain et paysager de Revest-de-Bion mérite une étude patrimoniale et un outil de gestion adapté - CONTRÔLER L’IMPLANTATION ET LA QUALITÉ DES BATIMENTS ET DES ZONES D’ACTIVITÉS
Contrôler l’implantation diffuse et améliorer la qualité des nouvelles constructions agricoles ou artisanales
Améliorer l’intégration des bâtiments existants et de leurs abords dans le paysage
Maîtriser le développement de hangars photovoltaïques - CONTROLER ET PLANIFIER L'IMPLANTATION ET LA QUALITE PAYSAGERE DES CENTRALES PHOTOVOLTAIQUES
PAYSAGES RURAUX ET NATURELS
- MAITRISER LA FERMETURE DES PAYSAGES, GERER L'AVANCEE DES FORÊTS ET LA QUALITE DES SECTEURS AGRICOLES OU NATURELS FRAGILES
Contrôler le développement des friches
Promouvoir le pastoralisme
Préserver l’ouverture des paysages
Maintenir la diversité des cultures